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La mer Méditerranée

La mer Méditerranée représente une part importante de la biodiversité marine mondiale (7,5% de la faune et 18% de la flore) avec seulement 0,8% de la surface océanique.

Elle tient la deuxième place mondiale pour les richesses en espèces endémiques, en espèces patrimoniales (phoques moines, tortues caouannes, 18 espèces de cétacés...) et en espèces à grande valeur commerciale comme le thon rouge et l’espadon.

Une mer en danger

Actuellement, la plupart des habitats marins méditerranéens sont en danger. On compte au moins 81 espèces marines animales menacées d’extinction[1] telles que le Phoque moine, le Mérou brun, ou la Tortue caouanne. Certains écosystèmes, comme l’herbier de posidonies qui joue un rôle très important dans l’équilibre écologique méditerranéen, voient eux-aussi leur superficie diminuer en permanence. Les changements globaux, dont le réchauffement climatique, générés par l’activité humaine en sont la principale cause.

Le changement climatique représente une grande menace pour la mer Méditerranée et ses impacts sont extrêmement divers. Les effets se croisent et s’amplifient mutuellement, ils augmentent notamment les effets des activités et des aménagements côtiers. Les changements liés aux changements climatiques (températures, précipitations, vents, augmentation des teneurs en gaz carbonique, élévation du niveau de la mer…), conjugués à ceux liés à l’homme (pollution, littoralisation, surexploitation des ressources naturelles, introduction d’espèces allogènes) impactent et impacteront de plus en plus tant les secteurs socio-économiques que les systèmes naturels.

Le changement climatique et ses effets sur le domaine marin et littoral sont maintenant perceptibles. Le 4eme rapport du GIEC [2] estime une augmentation des températures atmosphériques comprise entre 3 et 4°C d’ici la fin du siècle (probabilité de 50%), qui devrait entrainer une augmentation de la température de l’eau. L’élévation des températures va indubitablement avoir des conséquences sur la biodiversité marine, telles que la modification des périodes de reproduction, la durée des phases de croissance, l’apparition de nouvelles maladies ou de parasites. Les changements prévus risquent donc d’engendrer des modifications de la répartition des espèces et des densités de populations par un déplacement des habitats. Ainsi un changement de la composition de la majorité des écosystèmes actuels est probable. [3]

De plus, les risques d’extinction d’espèces, et en particulier celles déjà vulnérables, sont de nature à augmenter significativement, en particulier pour les espèces dont l’aire de répartition climatique est restreinte, celles qui ont des besoins très spécifiques en matière d’habitat et/ou les petites populations naturellement plus vulnérables face à une modification de leurs habitats.

Enfin l’introduction de nouvelles espèces exotiques pourrait être facilitée, phénomène dont les conséquences à long terme sont difficiles à prévoir.



 L’activité humaine, générée par 150 millions d’habitants et 200 millions de touristes par an, s’accroît d’année en d’année. D’ici 2020 on prévoit une augmentation de l’urbanisation – 33 millions de personnes supplémentaires à loger – et du tourisme – 270 millions de visiteurs en plus. La pression environnementale qui en découle – pollutions marines et côtières, artificialisation et/ou érosion des côtes, fragmentation des habitats, et diminution des ressources halieutiques – va suivre un même mouvement ascendant.
Il existe un contraste frappant entre les situations démographiques des pays du nord et du sud de la Méditerranée. Ceux de la rive nord sont confrontés au problème d’une population vieillissante tandis que dans les pays situés au sud et à l’est, la croissance démographique reste une problématique majeure. On prévoit d’ici 2050 une augmentation de 40% du nombre d’habitants dans les pays du sud et de l’est du bassin méditerranéen.

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Le changement climatique semble jouer un rôle important dans la perte de biodiversité [4]. Le réchauffement moyen des eaux côtières de surface en Méditerranée nord-occidentale est estimé de 1°C entre 1974 et 2004 [5], et pour des eaux profondes on observe une élévation de 0,12°C en 40 ans. Les scénarios de réchauffement de la mer Méditerranée prévoient une augmentation de 3,1°C d’ici à la fin du 21eme siècle [6] . Les conséquences en sont encore mal déterminées. Mais, l’apparition et l’adaptation d’espèces exotiques parfois invasives en zones tempérées [7] et [8], la mortalité massive de certaines espèces de gorgones et éponges suite à ces fortes hausses de température[9], et l’installation facilitée des poissons d’eaux chaudes dans le bassin nord de la Méditerranée[10], suggèrent un impact loin d’être négligeable tant au niveau des espèces vivantes en surface que celles vivantes dans les profondeurs[11] . A titre d’exemple [12], on estime que 99 espèces de poissons, 63 espèces de crustacés et 137 espèces de mollusques exotiques se sont récemment installées en Méditerranée, soit en passant par le canal de Suez ou le détroit de Gibraltar, soit par introduction accidentelle ou intentionnelle.


Quelles actions ?

Scientifiques

De leur côté, les scientifiques travaillent à trouver des solutions. Ils participent à la mise en place d’aires marines protégées, privilégiant ainsi l’intégrité des communautés et des biotopes. On compte actuellement 116 aires marines protégées dans le bassin ouest de la Méditerranée. Cependant, le manque de moyens humains et financiers freine dramatiquement l’avancée des connaissances, notamment concernant l’évaluation des réponses, des adaptations et de la vulnérabilité des écosystèmes méditerranéens aux changements globaux.

Il reste assez difficile d’évaluer l’impact des changements globaux sur la biodiversité marine méditerranéenne. On peut principalement attribuer cette difficulté aux données fragmentaires issues des diverses études scientifiques menées autour de la Méditerranée, et aux efforts de recherche et de valorisation encore bien faibles. Les inventaires de faune et flore marine sont rarement mis à jour, et la diminution du nombre de naturalistes dans les laboratoires de recherche empêche le suivi à long terme des populations animales et végétales. Le besoin se fait pourtant ressentir, car ces états des lieux restent une base de réflexion pour les projections sur le devenir de la biodiversité marine méditerranéenne.

Afin de pouvoir faire face aux modifications de la biodiversité, les décideurs et gestionnaires ont besoin d’ « états des lieux » les plus fiables possibles. La communauté scientifique est sollicitée et attendue afin de répondre aux diverses interrogations suscitées par les changements globaux. L’étude à long terme et à grande échelle de la biodiversité marine méditerranéenne est une nécessité pour l’élaboration d’estimateurs et de projections fiables scientifiquement.

Associations et ONG

Jusqu’à présent les actions en faveur de la Méditerranée se sont principalement axées sur quelques espèces marines emblématiques (baleines, mérous, raies/requins, hippocampes, méduses). Ces dernières représentent près de 80% des programmes actuels. De nombreuses actions associatives d’éducation à l’environnement marin sont également mises en place autour du bassin méditerranéen. Elles portent peu à peu leurs fruits, favorisant une prise de conscience du public et des médias en faveur de l’environnement marin.

Notre programme de sciences participatives, Cybelle Méditerranée, est dédié à la faune vivant au large des côtes méditerranéennes.

Et pourquoi pas les sciences citoyennes ?

De nombreux bénévoles, passionnés par la faune et la flore marine, sont des naturalistes confirmés, prêts à donner de leur temps et de leur énergie pour l’avancée des connaissances. Ce potentiel est exploité depuis longtemps par le biais de projet de sciences citoyennes, beaucoup plus développés en milieu terrestre. Par exemple, le programme STOC [13] (suivi temporel d’oiseaux communs) mis en place depuis 1989, a permis pour la première fois en France une estimation quantitative des variations d’effectifs des populations de 89 espèces d’oiseaux communs sur la période 1989-2001 (13 ans).

Le domaine marin, encore trop peu connu, couvre à peu près 94 % de l’ensemble de notre territoire national. Pourtant, les programmes de science participative axés sur la mer sont encore peu nombreux (environ 20 % des programmes recensés en France). Ce chiffre s’explique par un contexte historique où les sciences participatives en milieu terrestre ont vu le jour il y a plus d’un siècle, contre une quinzaine d’année pour le milieu marin. A noter également que les contraintes matérielles en mer sont assez élevées, ne serait-ce que pour la pratique de la plaisance.

Ces dernières années de nouveaux programmes participatifs en mer méditerranée ont vu le jour et cette tendance tend à s’accélérer.

> Découvrir notre programme de sciences participatives en mer

> En savoir plus sur les sciences participatives

 

 


[1] La liste rouge internationale des espèces menacées de disparition est publiée par l’IUCN et consultable en ligne
[2] GIEC, 2007. Bilan 2007 des changements climatiques : quatrième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Genève, GIEC.
[3 ] PNUE-PAM-CAR/ASP, 2010. Impact des changements climatiques sur la biodiversité en Mer Méditerranée. Par S. Ben Haj et A. Limam, CAR/ASP Edit., Tunis : 1-28.
[4] Harley C.D.G et al. (2006) The impact of climate change in coastal marine systems. Ecology Letters (9) 228-241.
[5] Salat J. & Pascual J. 2002. The oceanographic and meteorological station at L’Estartit (NW Mediterranean). CIESM Workshop Monographs n°16, Tracking long-term hydrological change in Mediterranean Sea, Monaco, 22-24 avril 2002, 31-34.
[6] Somot et al. (2006) Transient climate change scenario simulation of the Mediterranean Sea of the twenty-first century using a high resolution ocean circulation model. Climate Dynamics (27) 851-879.
[7] Icchipinti-Ambrogi A. (2007) Global Change and marine communities : alien species and climate change. Marine Pollution Bulletin (55) 342-352.
[8] Galil B.S. (2007) Loss or Gain ? Invasive aliens and biodiversity in the Mediterranean sea. Marine Pollution Bulletin (55) 314–322.
[9] Pérez T., et al. (2000) Mortalité massive d’invertébrés marins : un événement sans précédent en Méditerranée Nord-Occidentale. C. R. Acad. Sci. Paris, série III, 323, 853-865.
[10] Laubier L. et al. (2004). Changement global et vulnérabilité des écosystèmes marins côtiers. Le cas de la Méditerranée nord-occidentale. 2emes journée de l’IFB, Marseille, 25-28 mai, 76-77.
[11] Danovaro et al. (2004) Biodiversity response to climate change in a warm deep sea. Ecology Letters (7) 821-828.
[12] CIESM Atlas of exotic species in the Mediterranean (2005) (en savoir plus)
[13] STOC, Suivi temporel des Oiseaux communs, est coordonné par le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (en savoir plus)